Mettre en scène la voix des morts ! C’est absurde, ça fait peur et c’est drôle.
La mort est une disparition en deux temps : d’abord celle du corps, puis celle des souvenirs. Ensuite viennent d’autres vies, puis d’autres morts et ainsi de suite… Comme sur scène : une œuvre est jouée, quitte le théâtre, une autre prend la place, et disparait à son tour.
C’est avec cette idée de mouvement permanent de remplacement, d’apparition, de disparition, qu’est proposée la représentation : une succession de codes de jeu, du silence, un espace vide ou très encombré, de la musique, un groupe de gens qui surgit… et laissant le temps d’un tableau, la parole s’installer, se faire entendre, puis disparaître et passer au tableau suivant.
Comme si, pour représenter la mort, il fallait exagérément dessiner la vie. Et pour ne pas sombrer, rire.
Et en fond de scène, un corps qui ne fait rien, à qui il n’arrive rien, qui ne participe à rien, regarde, peut-être, contrepoint du mouvement, image de la perte des propriétés de la vie.