Une souris grise

Monsieur et Madame Bernachon reçoivent Monsieur et Madame Waterbrunner à déjeuner.
Mr Waterbrunner est le nouveau directeur européen de l’entreprise dans laquelle travaille Mr Bernachon. Il est allemand.

Monsieur Bernachon espère faire bonne impression à son supérieur pour ne pas risquer de perdre sa place. Madame Bernachon a mis les petits plats dans les grands.

Madame Waterbrunner ne parle pas un mot de français. Madame Bernachon a promis à son fils Ludovic une belle voiture de pompier, à la condition qu’il se tienne bien. Tout est prêt.
Mais Mr Bernachon souffre d’une virulente colique due, croit-il, au poisson mangé la veille chez ses parents. Ludovic en souffre également…

Il n’y a qu’un seul cabinet de toilette chez les Bernachon. Et tout doit être absolument parfait ! Il ne faut montrer aucun signe de faiblesse ! Que se passera-t-il si une crise se déclare alors que les Waterbrunner sont là ?

Ce texte est une peinture de ce qui fonde un humain aussi bien dans ses travers les plus noirs que dans ses plus belles qualités. Chaque personnage peut aussi bien être victime que bourreau, et aussi bien inspirer l’empathie que le dégoût. En observant les failles de l’humanité au travers de celles qu’il connaît chez lui, Calaferte n’est jamais en dehors de l’action et connaît très précisément ce qui articule le discours et les actions de chacun des personnages. Il nous en donne la clé grâce à la clarté de son écriture. 

Grégory Faive souhaite que le spectateur rie et reconnaisse en chacune des figures de la pièce, la part de ce qui constitue sa propre humanité ou la détruit, et se retrouve confronté à cette frontière très fine qui fait basculer soit dans la soumission, soit dans la tyrannie. Le spectacle est l’occasion  de s’ approcher de cette frontière, de s’y perdre et d’en dessiner les contours.

Sermons joyeux

Oui ça va mal.
Oui les temps sont critiques…
C’est avec ce triste constat, que débute le premier des six monologues écrits par Jean-Pierre Siméon. Le monde contemporain est rempli de brouillard. Tout égale tout. Les mots deviennent des coquilles vides et il n’est plus tout à fait simple de trouver un sens à l’altérité.

Mais il ne s’agit que d’un point de départ.

Les six harangues constituent par la suite un formidable chant de vie, plein d’humour et d’insolence, qui rappelle à chacun d’entre nous sa responsabilité face à son rapport au monde et à l’existence qu’il a à mener. Il nous remet, grâce à une langue accessible et extrêmement contemporaine, en contact avec notre humanité, avec ses encourageantes et nécessaires difficultés et nous fait voir et ressentir un possible ailleurs, une lueur dans le brouillard.

Ces textes ne portent qu’une seule revendication : celle de vivre. Et ce, non pas en nous sacrifiant pour le monde, mais simplement y trouver notre place, pouvoir le lire et ainsi pouvoir agir.

Les Reines

Six comédiennes, mises en scène par Grégory Faive, s’amusent à se déchirer en jouant les reines victimes de Richard III.

Six femmes enfermées dans une tour.
Six femmes qui s’épient, se mentent, s’allient et tentent d’infléchir le cours d’une histoire qu’elles ne contrôlent pas.
Six actrices sculptant leur parole dans les vers libres et sans ponctuation, imposés par l’écriture.
Six portraits peints cherchant la meilleure place pour être observés dans cette galerie de tableaux.
Six petites filles se mettant en scène les unes par rapport aux autres en jouant à être des reines.
Six femmes-reines-actrices-mères au coeur d’une absurde, cruelle, et vaine lutte de pouvoir.

Grégory Faive nous propose d’observer six femmes luttant pour leur survie, leur gloire passée ou à venir, pendant que se poursuit autour de leur tour, dans une terrible tempête de neige, l’oeuvre de destruction de Richard III, en quête de pouvoir…

Cette pièce est l’occasion pour Grégory d’observer une fois encore le comportement d’un groupe, où les individus sont contraints de vivre ensemble, soit parce que l’extérieur les y force, soit à cause de l’objet de ce qui les anime.

Nous, les héros

Une troupe de théâtre, en fin de vie, épuisée, fuit une guerre imminente.

Après la représentation, un soir de fiançailles, tous les petits arrangements que chacun a fait avec lui-même ne sont plus supportables, et toutes les relations, familiales ou professionnelles, sont remises en question. Chacun va alors se poser la question de continuer ou de conduire son désir même si celui-ci peut porter chacun à quitter la troupe.

Et si l’issue semble être une solitude infinie, peut-être que pouvoir poser sa tête sur l’épaule d’un compagnon de route rend la souffrance de ce choix plus supportable.

Cette mise en scène, la première de Grégory Faive, est le socle sur lequel reposeront les créations suivantes : qu’est-ce qui nous relie et nous oppose les uns aux autres, comment le langage du théâtre permet de raconter ce que nous ne savons pas dire dans le réel.

Et surtout chercher à raconter le tragique de l’existence avec le sourire qui permet de le supporter.

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